Le naufrage
(env. 2000 av. J.C.)    -    Page 3/4

embrasseras ta femme, tu verras ta maison, ce qui vaut mieux que tout, tu atteindras le pays et tu y seras au milieu de tes frères ! "

Alors je m'allongeai sur mon ventre et je touchai le sol devant lui.
" Voici ce que j'ai à te dire : Je décrirai tes âmes au Souverain, je lui ferai savoir ta grandeur, et je te ferai porter du fard, du parfum d'acclamation, de la pommade, de la casse, de l'encens des temples dont on se gagne la faveur de tout dieu.
Je conterai ensuite ce qu'il m'est arrivé de voir, et on t'adorera dans ta ville en présence des notables de la Terre-Entière : J'égorgerai pour toi des taureaux pour les passer au feu, j'étranglerai pour toi des oiseaux, et je te ferai amener des navires chargés de toutes les richesses de l'Egypte, comme on fait à un dieu, ami des hommes dans un pays éloigné que les hommes ne connaissent point.

Il rit de moi et de ce que je disais, à cause de ce qu'il avait en son coeur, il me dit : " Tu n'es pas riche en myrrhe, tout ce qui existe chez toi, c'est de l'encens.  Mais moi, je suis le souverain du pays de Pouanit, et j'ai de la myrrhe ; seul, ce parfum d'acclamation que tu parles de m'envoyer, il n'est pas abondant en cette île.  Mais il adviendra que, sitôt éloigné de cette place, plus jamais tu ne reverras cette île, qui se transformera en flots ".

Et vos quand le navire vint ainsi qu'il avait prédit d'avance, je me juchai sur un arbre élevé et j'observai ceux qui y étaient.  J'allai ensuite lui communiquer cette nouvelle, mais je trouvai qu'il la connaissait.


Il me dit :
" Bonne chance, bonne chance, vassal, vers ta demeure, vois tes enfants et que ton nom soit bon dans ta ville ; voilà mes souhaits pour toi ! "

Lors je m'allongeai sur le ventre, les mains pendantes devant lui, et lui, il me donna des cadeaux de myrrhe, de parfum d'acclamation, de pommade, de casse, de poivre, de fard, de poudre d'antimoine, de cyprès, une quantité d'encens, de queues d'hippopotames, de dents d'éléphants, de lévriers, de cynocéphales, de singes verts, de toutes les richesses excellentes.

Je chargeai le tout sur ce navire puis, je m'étendis sur le ventre et j'adorai le serpent.


Il me dit :
" Voici que tu arriveras au pays, en deux mois, tu presseras tes enfants sur ton sein et, par la suite, tu iras te rajeunir dans ton tombeau ".

Et après cela, je descendis au rivage vers ce navire et j'appelai les soldats qui se trouvaient dans ce navire.
Je rendis des actions de grâces sur le rivage au maître de cette île, ainsi qu'à ceux qui y demeuraient.

Lorsque nous fûmes de retour à la résidence du Souverain, nous arrivâmes au palais le deuxième mois, conformément à tout ce que le serpent avait dit.


J'entrai devant le Souverain et je lui présentai ces cadeaux que j'avais apportés

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